Auto-empathie ou comment prendre soin de soi  ?

Une des choses les plus étranges pour moi, lorsque j’ai commencé à aller assister à des stages de CNV était la notion d’auto-empathie…

Avec un peu de logique, j’avais compris l’idée : empathie, c’est à dire la reconnaissance et la compréhension des sentiments de l’autre… et auto, vers soi…

Bon ben j’étais pas tellement plus avancée.

C’est à dire que j’aimais beaucoup l’idée de prendre soin de moi, de m’écouter comme si c’était quelqu’un d’autre qui le faisait, ou comme je l’aurais fait pour un.e ami.e… Mais concrètement ?

Je ne pouvais pas faire les questions et les réponses ni me prendre dans les bras, si ?

Et bien… si… en fait.

Toute l’histoire consiste à trouver en soi un espace qui puisse observer ce qui se passe.

Par exemple, en cas de coup dur majeur, de contrariété, de déception, tristesse, etc. ce que je fais dans l’idéal, c’est de me dire « ah, j’ai besoin d’empathie, là ». Autrement dit, je reconnais, j’accueille le fait d’être en difficulté.

Et je créé un espace bienveillant pour reconnaître ça.

Attention, le mot clé dans la phrase est « bienveillant ». Parce que pendant longtemps mon habitude a été de rajouter une couche à ce qui était difficile en me faisant remarquer que je n’arrivais pas à le gérer ! Donc je dis gentiment à mon petit juge chéri qui s’apprête à me dire d’un ton cassant : « ben oui, j’vois bien, tu es encore en colère! » qu’il peut aller prendre un bain, je ne suis pas disponible.

L’accueil de ce qui est, déjà, ça me fait comme un petit soulagement. Minuscule, mais pas négligeable. Genre, ah, quelqu’un prend en charge ce problème, ouf je ne suis pas toute seule. Même si ce quelqu’un, c’est moi.

Ensuite, il s’agit de prendre le temps de m’écouter pour comprendre ce que je suis en train de vivre. Qu’est-ce que je ressens exactement ? Ce n’est pas la même chose d’être contrariée, d’être agacée, d’être en colère ou d’être en rage, par exemple. Et être contrariée ce n’est pas comme être interloquée…

Donc, j’essaie de préciser. Ce qui parfois, prend déjà un certain temps. Il y a des émotions qui se mélangent et parfois ça change au fur et à mesure que je clarifie…

Pour faire ça, je me parle. Ca peut être à voix haute, si je suis toute seule, par écrit, ou simplement dans ma tête.

Je me dis « alors, comment tu te sens ? » et je me réponds « Oh, c’est dur, là… »

-Tu te sens en colère ?

-Oui, je ne sais pas… Non, triste, plutôt. »

Ça ne change parfois rien à la réalité de ce que je suis en train de vivre , je n’ai pas forcément les moyens de transformer la discussion, mais je ne me lâche pas la main et comprendre ce qui se joue m’aide à prendre un peu de distance.

Puis, je me demande quels sont mes besoins dans cette situation. (Les besoins, en CNV, ce sont toutes ces choses qu’on aime vivre). Réconfort, écoute, attention, partage, paix, douceur, solitude… la liste des besoins est longue et parfois il me faut un certain temps pour trouver celui qui est vraiment à l’origine de mon inconfort. Parfois je ne trouve pas. Mais d’avoir pris le temps de chercher fait quand même diminuer la pression.

– Tu aurais vraiment aimé plus de douceur dans cette discussion ?

– Oui, mais surtout, j’aurais aimé un peu d’écoute

– Et si tu avais eu l’impression de recevoir de l’écoute, ça t’aurait permis quoi ?

– Je crois que ça m’aurait permis de garder la connexion vivante…

– Ah, tu as besoin de connexion.

– Oui !!! C’est ça !

Quand je trouve mon besoin du moment, je le sais immédiatement, ça fait comme un petit soupir de reconnaissance à l’intérieur de moi : ah oui, c’est ça ! Et surtout, je peux commencer à envisager des stratégies pour m’en occuper de plein d’autres façons et/ou avec plein d’autres personnes…

D’accord, mais… quand ça ne marche pas ?

Quand la situation est trop violente pour moi, trop difficile, même prendre ce temps pour faire le point peut se révéler impossible. Parfois, je ne suis capable que de me dire « , j’ai besoin d’empathie, j’ai besoin d’empathie » en boucle sans arriver à aller plus loin que ça. C’est arrivé par exemple quand j’étais prof de danse devant des collégiennes qui ne m’écoutaient pas et que j’étais atterrée de leur comportement et de mon incapacité à les faire écouter… Mais avec mes moyens limités, j’étais déjà en train de prendre soin de moi du mieux possible.

Et puis il n’est jamais trop tard pour, une fois sorti.e de la situation, se refaire un petit coup d’auto-empathie. Le seul point de vigilance c’est de se demander comment on va maintenant. Parce que ce dont on a besoin, c’est toujours maintenant dont on en a besoin.

L’auto-empathie n’est qu’un outil parmi d’autres. Quand j’ai vraiment besoin de beaucoup de soutien, je finis toujours par demander à quelqu’un de m’aider à y voir plus clair. (Et dans notre jargon, on appelle ça « la demande d’empathie »!)

J’ai envie de célébrer le fait que, depuis que je pratique l’auto-empathie, mes réflexes de fuite diminuent petit à petit. Avant, quand un truc désagréable m’arrivait, je me mettais à faire ou penser à autre chose. J’allumais la radio, prenait un livre, me mettait à nettoyer compulsivement (j’avoue, ce n’est pas ma stratégie de fuite préférée!) ou je me jetais dans un jeu vidéo en attendant un moment plus rassurant (copine au téléphone, psy, …) pour faire face.

Maintenant, il m’arrive de m’arrêter en plein geste au moment où je prends le livre, ou allume mon podcast préféré pour me demander « Eh, mais ça n’a pas trop l’air d’aller, là, comment tu te sens ? »

Et voir que je peux laisser l’émotion me traverser tranquillement est un immense soulagement !

Parce qu’en fait, je gagne en autonomie, je me défais de mes addictions (les addictions n’ont qu’une seule raison d’être, faire taire la douleur) et je grandis en conscience !

Vive l’auto-empathie, quoi !

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Cet article a 2 commentaires

  1. Violette

    Mmmm j’adore te lire, j’ai l’impression de t’entendre parler à côté de moi 😊 Je me retrouve dans ces petits inconforts du quotidien, et tu racontes comment tu traverses, par où tu passes. C’est posé, ça me fait du bien, merci !
    😘😘

    1. Alice

      Merci… Je réponds bien tard à ton commentaire, mais moi aussi ça me fait du bien de savoir que ça te fait du bien… 🙂

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