Le petit exo de CNV du jour :
Pour celleux d’entre nous qui ont le temps (je ne peux m’empêcher de penser aux caissières du supermarché en bas de chez moi qui sont sur le front elles aussi et qui travaillent encore plus dur que d’habitude!) j’avais envie de proposer un petit exercice qui a marqué pour moi un vrai tournant dans ma vie. Je l’ai découvert dans un stage de CNV, proposé par Paul Georges Crismer.
Pour le faire, il vous faut simplement une feuille et un crayon.
Mais avant de commencer, un petit point théorique et personnel :
L’idée de Marshall Rosenberg (qui a créé la CNV) est que les humains sont poussés à l’action par leurs besoins. Quoique fasse un humain, c’est pour prendre soin d’elle, de lui, d’une façon ou d’une autre. (Mais vraiment, que les gens peuvent me sembler bizarres tant que je ne comprends pas quel besoin ils tentent de combler en agissant comme ils le font !)
Parallèlement à cela, il a remarqué (et vous aussi, j’imagine) que personne n’aimait se sentir contraint d’obéir à des règles, de se soumettre à la volonté d’autrui ou aux circonstances extérieures. Pourtant, j’ai souvent eu l’impression c’était ainsi que le monde fonctionnait ! Que ma vie ne m’appartenait pas et que je passais l’essentiel de mon temps à répondre à des contraintes qui m’étaient imposées. Mon mot d’ordre était « je n’ai pas le choix ». Je vais travailler, il le faut. Je dois ranger. Il faut payer ses impôts. Et faire sa déclaration. On doit donner le bain aux enfants, etc…
Et quelle horreur, de ne pas avoir le choix. Quelle impression d’emprisonnement !
Or, bonne nouvelle, nous pouvons nous débarrasser une bonne fois pour toute de toutes nos obligations, y compris celle de rester confinés ! (non, ne criez pas à l’inconscience, lisez d’abord la suite!)
D’abord, prenez quelques minutes (l’exercice est encore plus intéressant si vous faites les étapes au fur et à mesure avant de lire la suite) pour noter toutes les obligations, contraintes et autres qui pèsent sur votre liberté.
Pour moi ça pourrait être :
- je dois gagner ma vie
- il faut que je paie mon loyer
- il faut que j’envoie les annonces pour les prochains stages
- il faut que je passe l’aspirateur sur le tapis
- je dois rester enfermée encore je ne sais pas combien de temps
- etc…
Ca y est, vous avez pris le temps de tout écrire ? La première fois que j’ai fait cet exercice, la liste a été très très très longue !!!!
OK, on continue.
La magie commence à opérer quand on réécrit toutes les phrases en les commençant par « je choisis ».
- je choisis de gagner ma vie
- je choisis de payer mon loyer
- je choisis d’envoyer les annonces pour les prochains stages
- je choisis de passer l’aspirateur sur le tapis
- je choisis rester confinée (j’ai changé aussi le dernier mot, car les mots pèsent d’un certain poids sur mon esprit et je ne peux pas choisir d’être enfermée, mais je me sens capable de choisir d’être confinée).
Bon, bien sûr, il y a des phrases qui vont peut-être vous faire du bien, et d’autres pour lesquelles vous n’allez pas bien voir où est votre choix…
« Je ne peux pas choisir de ne pas gagner ma vie.
- Pourquoi est-ce que tu ne peux pas ?
- J’ai besoin d’argent !
- Et à quoi te sert l’argent ?
- A acheter à manger, à payer le loyer, à partir en vacances, à tout !
- Donc cet argent t’offre confort et sécurité ?
- Oui…
- Donc tu choisis ton confort et ta sécurité. Parce que pourrais choisir de ne pas travailler et d’avoir une vie plus libre mais plus précaire…
- Oui, mais mes enfants…
- Tu choisis de prendre soin d’eux… »
Et donc on peut noter, je choisis de gagner ma vie pour prendre soin de moi, de mes proches, parce que le bien-être et la sécurité sont important pour moi. Et puis en écrivant ça vous découvrirez peut-être que vous nourrissez aussi un besoin de confort, ou de sérénité… Ou encore d’appartenance aux valeurs familiales… Quelques soient vos raisons, elles sont les bonnes pour vous.
Vous avez compris l’idée.
Il s’agit pour chaque proposition, d’observer les raisons profondes pour lesquelles nous agissons comme nous le faisons alors qu’en fait, nous pourrions très bien agir autrement. Bien sûr, cela aurait des conséquences – et nous choisissons de ne pas subir ces conséquences. Si je choisis de respecter les feux rouges, ça peut-être pour plusieurs raisons. Pour prendre soin
- de mon besoin de sécurité (je n’ai pas envie de risquer de me faire renverser par une voiture)
- de mon besoin de paix (pas envie d’argumenter avec un gendarme)
- de mon besoin de respect de l’ordre public et du bien commun …
- etc…
Pour moi, cela donnerait donc ceci :
- je choisis de gagner ma vie pour prendre soin de mon besoin de sécurité et de confort
- je choisis de payer mon loyer pour entretenir de bonnes relations avec mes propriétaires et parce que le respect de mes engagements est important pour moi
- je choisis d’envoyer les annonces pour les prochains stages parce que j’ai envie que les gens puissent s’organiser à l’avance : besoin de contribution et de tranquillité d’esprit
- je choisis de passer l’aspirateur sur le tapis : besoin de propreté
- je choisis rester confinée pour le bien commun et pour nourrir mon besoin de sécurité pour moi-même et pour les autres.
Comment vous sentez-vous après avoir fait cet exercice ? Est-ce facile à faire ? Difficile ? Y a-t-il des propositions derrière lesquelles vous n’avez pas réussi à trouver vos besoins ? N’hésitez pas à m’écrire personnellement ou à laisser un message en commentaire, je ne manquerai pas de vous répondre.
En tout cas, en ce qui me concerne, je ne vis presque plus de situations où je me sens coincée, obligée (ou alors pas longtemps) et c’est un tel soulagement. Et très concrètement, en ce moment, mon confinement est beaucoup plus facile à vivre puisque je choisis de le vivre pour respecter mes valeurs.
Je vous souhaite de vivre la même liberté !
Cet article a 2 commentaires
merci Alice, ca m’a permis d’aller débusquer plein d’injonctions intérieures bien autoritaires!
– je dois me bouger pour que ca change => je choisis d’être en mouvement pour nourrir le besoin de mouvement, d’accomplissement, de contribution, de confort, de sérénité.
– je dois compter uniquement sur moi pour m’en sortir => je choisis de compter sur moi pour nourrir le besoin de confiance en moi
– je dois être tout le temps alignée pour que ma vie se passe bien => je choisis de cultiver l’alignement pour nourrir le besoin de fluidité, de sérénité, de contribution au plus vaste et d’abondance
Ca a eagyé mon matin
Merci pour ton retour. C’est tellement soutenant de voir que ce que j’écris est utile à d’autres !
Des bisous