NOTE D’INTENTION
Les ateliers QCI (Queering Contact Improvisation) proposent un enseignement horizontal (enrichi par la singularité de chaque corps en présence et donc sans hiérarchie d’expérience ou physicalité), non normatif (libre des codes qui régissent -consciemment ou non- nos interactions et distribuent des places dans la société) et attentif aux réels du Danser Ensemble (ce qu’il se passe).
Ces ateliers QCI sont le fruit d’un travail en développement constant depuis 2017, ils font l’objet d’un cycle de recherche (ateliers mensuels) en Catalogne/Espagne depuis 2019. Ils sont aussi les branches et le tronc du travail, dans le sens où il ne s’agit pas du recyclage d’une transmission antérieure mais de la création d’un matériel d’étude et d’expérience. A chaque rencontre, les explorations partagées et leur rétro-alimentation permettent de préciser ou approfondir la proposition. Les bases de techniques physiques sont principalement puisées des outils du CI, ET les autres techniques -tout aussi importantes mais rarement transmises en CI- sont sociales, comportementales, bio-mécaniques et politico-émotionnelles.
Les racines, donc, du QCI viennent du désir de danser sur les ponts entre politique et poétique, le corps demeurant au cœur de ces passages. Offrir une contextualisation critique au CI pour clarifier l’identité de cette pratique : où décidons-nous de nous positionner en tant que corps qui danse (dans un duo, un espace, une communauté, etc.) ? Et offrir des outils somatiques, tactiles, dynamiques, physiques, aux collectifs de résistance politique, aux personnes dissidentes, dont les principales préoccupations ont souvent trait au corps et sont pourtant majoritairement traitées à l’oral et à l’écrit.
Le QCI offre un espace d’expression/existence pour qui souhaite (continuer de) danser le CI et n’a pas été considérée dans les codes tacites (et possiblement inconscients) du partage de cette pratique.
C’est aussi une porte d’entrée (ou de retour), pour accompagner et empouvoirer celleux qui veulent s’y mettre mais n’osent pas, et toutes celles qui ont eu une expérience insécurisante ou/et désagréable de la jam ou d’un festival CI.
Par ailleurs, pour toutEs celleux qui vont très bien dans leurs danses et la communauté CI, ces ateliers sont une passerelle vers une autre couche de conscience, sans jugement ni victimisation, juste une lumière sur nos privilèges personnels et structurels. Pour tout le monde, les ateliers QCI prétendent offrir un espace de liberté et d’attention, où développer le plaisir de nos corps avec la responsabilité de nos interactions. Dans une distribution juste de l’espace et de l’écoute, le plaisir et la responsabilité ne s’opposent pas, ils se potentialisent mutuellement.
Vivre le personnel et le collectif sur le même plan d’expérience est une possibilité naturelle qui peut s’entraîner et se renforcer au service de nos santés individuelle, sociale, physique, mentale, psycho-émotionnelle, voire peut-être spirituelle. 😉
Enfin, la proposition du QCI est clairement d’ouvrir les espaces d’improvisation de mouvement et de contact physique à d’autres corps que ceux que nous voyons tout le temps en jam, en atelier et en festival : considérer les corps d’une autre manière, distribuer l’espace et accueillir les mouvements par d’autres dynamiques, sont des ponts concrets et immédiats vers l’inclusivité et la diversité dont se targue notre pratique.
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